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🇨🇲CAMEROUN-EDITO:DE YAOUNDE A AUSTIN : UN ECART EN ANNEES-LUMIERES

Le 6 novembre dernier, alors que le plus vieux président au monde prêtait serment devant une foule de «patriotes» endimanchés, une assemblée générale de Tesla se déroulait à Austin, au Texas : le directeur général du plus gros fabricant mondial de voitures électriques obtenait un package de 1000 milliards de dollars (865 milliards d’euros) en actions étalées sur les dix prochaines années. Du jamais vu dans l’histoire. 

S’il venait à réussir son pari d’engranger 1000 milliards de dollars de patrimoine, Elon Musk bénéficiera d’une capacité d’endettement supérieure, lui permettant d’acheter certains pays de notre monde, habitants compris. Déjà, aujourd’hui, avec un patrimoine estimé à 504 milliards de dollars, Musk pourrait acheter le Cameroun, dont le PIB est estimé en 2024 à 51,33 milliards de dollars. Faites la soustraction.
Pendant qu’Elon Musk danse avec les robots, les Camerounais n’ont même pas encore envisagé la moindre politique publique visant à former des mécaniciens capables de dépanner des Renault Zoe, l’entrée de gamme des véhicules électriques. Visualisez l’écart qui se creuse ! Par ailleurs, on attend toujours que les ingénieurs formés à Mélen à Yaoundé proposent le premier panneau solaire susceptible de généraliser aux ménages la production d’énergie électrique. Au lieu de quoi, la priorité est d’importer encore et encore. Ne parlons même pas de prendre part à la course mondiale visant à augmenter la capacité de stockage des batteries à laquelle la Chine et ses concurrents occidentaux se livrent. C’est elle qui déterminera l’autonomie des voitures de demain. Ce n’est pas un débat même en campagne électorale. Tout va bien tant que les « patriotes » contrôlent la SNH et Tradex, etc.
Pour meubler le vide, on écoute des «panafricanistes», obsédés par de vieilles lunes de l’anti-impérialisme européen. Ils voient partout la main de pauvres gouvernants européens avides de faire main basse sur les «richesses» de leur pays. Entre fantasmes populistes et délires paranoïdes, ces activistes refusent de regarder en face la trahison de leurs propres élites et, ce faisant, se battent ainsi contre des moulins à vent. Pendant ce temps, ils ne voient pas le vrai danger qui menace les pays pauvres : l’essor d’un néo libéralisme mondialisé, décomplexé, libertarien, qui s’affranchit de toute frontière et de toutes limites légales. Pauvres de nous, maintenus de force dans les fers d’une gouvernance d’un autre âge, obtuse et violente, corrompue et irresponsable. Nous voilà condamnés aux conflits ethniques primitifs, par le fait d’un atavisme cruel et livrés à la merci de capitaux privés mouvementés par de nouveaux acteurs qui nous asservirons et recoloniseront nos territoires avec la complicité active de l’élite gouvernante corrompue et le soutien candide d’une population inculte.

Georges Dougueli

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