Coup de frein à l’activité du capital-risque en Afrique. En 2023, la valeur totale des investissements réalisés par les fonds de private-equity a diminué de 31%, par rapport à 2022 pour atteindre 3,5 milliards USD (2 730,8 milliards FCFA), selon un rapport de l’Association africaine de capital-investissement et capital-risque (AVCA). Á 545, le nombre de deals a également été réduit d’un tiers par rapport à 2022 illustrant une frilosité des investisseurs vis-à-vis des start-up africaines.
« Les données pour 2023 révèlent un changement notable dans le sentiment des investisseurs, qui peut être attribué à une confluence de facteurs macro et microéconomiques qui ont déclenché une approche de réduction des risques vis-à-vis de l’Afrique ». Le rapport cite entre autres facteurs, la volatilité des monnaies africaines naira, shilling et rand) par rapport au dollars ; l’inflation élevé ; l’arrêt d’activité de certaines start-up de premier plan et des licenciements massifs dans d’autres, suscitant des inquiétudes chez les investisseurs ; les craintes liées à la surévaluation de certaines start-up.
C’est la première fois en une décennie que les fonds de private-equity réduisent leurs financements en capital au profit des jeunes pousses africaines. La conséquence, note AVCA, est que plusieurs entreprises en phase de démarrage ont considérablement réduit leurs activités et une vingtaine a fermé boutique.
Un froid persistant s’est installé sur le marché mondial du capital-risque qui, depuis deux ans, connaît un déclin constant.
L’Afrique n’est pas la seule région où le capital-risque est en perte de vitesse. En 2023, c’est 285 milliards de dollars qui ont été déboursés dans plus de 28 000 opérations à travers le monde. Ce chiffre est largement en baisse par rapport aux 690 milliards de dollars sur 45 000 opérations réalisées en 2021.
Le Nigéria conserve son leadership
La répartition des opérations entre les pays en 2023 a vu le Nigéria conserver sa position au premier plan pour la troisième année consécutive, représentant 19 % du volume des opérations de capital-risque. L’Afrique du Sud (18 %), le Kenya (14 %) et l’Égypte (11 %) et le Maroc viennent compléter le quinté de tête des destinations principales pour le capital-risque.
Par secteur, les start-up financières ont capté 48% des financements en 2023. Bien qu’il ait été le secteur le plus financé en 2023, la finance a également connu la plus forte baisse d’activité annuelle. 126 opérations de capital-risque d’une valeur cumulée de 1,7 milliard de dollars US ont eu lieu dans ce secteur, contre 242 opérations d’une valeur de 2,2 milliards de dollars US en 2022. Cela correspond à une baisse de 48 % en volume et de 22 % en valeur. Les technologies de l’information arrivent en deuxième position avec 12% des fonds captés.
La Mireille Njokwa Nadine