Organisée du 15 au 19 janvier derniers à Davos, en Suisse, la réunion annuelle du Forum économique mondial (WEF) a rassemblé des leaders mondiaux autour de plusieurs sujets d’actualité. L’événement a également servi de cadre au lancement d’un Livre blanc contenant un plan d’action censé booster le secteur privé africain. Qualifiée d’« inédite », cette initiative rassemble 40 entreprises mondiales autour du WEF et du secrétariat de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), avec pour ambition d’accélérer le commerce mondial et les investissements en Afrique.
D’ici 2030, la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) devrait représenter un marché unique de 1,7 milliard de personnes et 2 500 milliards de dollars (2 305 milliards d’euros) de dépenses de consommation. Sa mise en œuvre complète devrait, selon les prévisions, augmenter les revenus réels en Afrique de 7 %, soit de près de 450 milliards de dollars (environ 415 milliards d’euros). Élaboré conjointement par le WEF et les Amis de la Zone de libre-échange continentale africaine, un Livre blanc a été présenté à l’occasion du forum de Davos. Ce document, qui présente « un plan d’action audacieux et visionnaire », contient des objectifs, des initiatives et des engagements de la part de leaders industriels évoluant dans quatre secteurs prioritaires : l’automobile ; l’agriculture et l’agro-industrie ; les produits pharmaceutiques ; ainsi que le transport et la logistique. Quatre secteurs qui, indique-t-on, représentent une valeur combinée de 130 milliards de dollars (environ 120 milliards d’euros). Les projets présentés dans ce plan d’action comprennent la mobilisation de financements pour moderniser les infrastructures dans le secteur des transports et de la logistique, le développement et le déploiement de technologies vertes dans le secteur automobile, l’expansion d’initiatives visant à déplacer une plus grande partie de la chaîne de valeur agricole vers le continent, ainsi que des engagements pris par des sociétés pharmaceutiques en matière de main-d’œuvre, d’innovation, de financement, de politique et d’inclusivité. « Dans l’ensemble, ces engagements ambitieux de la part d’entreprises de premier plan sur le continent indiquent aux investisseurs potentiels que l’investissement en Afrique peut s’attendre à un avenir d’innovation sans limites et de prospérité africaine inclusive », peut-on lire.
4 secteurs prioritaires : l’automobile ; l’agriculture et l’agro-industrie ; les produits pharmaceutiques ; ainsi que le transport et la logistique représentant une valeur combinée de 130 milliards de dollars (environ 120 milliards d’euros).
Agriculture : Un énorme Potentiel de Croissance
Selon le document, les échanges intra-africains dans le domaine de l’agriculture devraient augmenter de 574 % d’ici à 2030, si les droits de douane sont supprimés. En outre, explique-t-on, le secteur agricole africain jouit d’un énorme potentiel de croissance : il pourrait valoir 1 000 milliards de dollars (environ 922 milliards d’euros) d’ici à 2030, si les rendements s’améliorent et que les tarifs douaniers disparaissent. Autre enseignement contenu dans ce Livre blanc : les fournisseurs d’intrants joueront un rôle essentiel dans la transformation du secteur agricole africain, pour aider le continent à atteindre la sécurité alimentaire nationale et pour lui permettre de devenir un exportateur mondial de denrées alimentaires d’ici à 2050.
« Les échanges intra-africains dans le domaine de l’agriculture devraient augmenter de 574 % d’ici à 2030 »
Réduire La Dépendance De l’Afrique Aux Importations
Dans le secteur du transport et de la logistique, la mise en place de la ZLECAF devrait, d’ici à 2030, faire augmenter de 28 % la demande de fret intra-africain, qui nécessitera 2 millions de camions, 100 000 wagons, 250 avions et plus de 100 navires supplémentaires. Le commerce maritime devrait également passer de 58 millions à 132 millions de tonnes d’ici la fin de la décennie. Pour ces secteurs, estiment les auteurs du document, l’un des principaux objectifs sera de réduire la dépendance de l’Afrique aux importations.
« Le commerce maritime devrait également passer de 58 millions à 132 millions de tonnes d’ici la fin de la décennie »
Les Véhicules Électriques, Une Cible Clé Pour Le Continent
Quant au secteur de l’automobile en Afrique, il devrait atteindre, d’ici 2027, plus de 42 milliards de dollars (38,7 milliards d’euros). D’ici 2035, indique le Livre blanc, l’Afrique pourra assurer la production de 4 à 5 millions de véhicules (contre 1,1 million en 2022), ce qui pourrait se traduire par plus de 20 usines de fabrication de véhicules de grande taille supplémentaires sur le continent. Bien plus, indique-t-on, le marché des véhicules électriques (VE) constitue une cible clé pour le continent africain. Celui-ci détient 19 % des minéraux et métaux essentiels à la construction de ces véhicules, dont le marché mondial devrait représenter 7,7 billions de dollars (environ 7 billions d’euros) d’ici 2025 et 46 billions de dollars (42,4 billions d’euros) d’ici 2050. « Bien que les véhicules électriques ne représentent qu’une faible proportion de la production et des ventes actuelles d’automobiles en Afrique, la demande augmente, d’autant plus que certains des principaux partenaires commerciaux du continent ont mis en place des interdictions pour les véhicules à moteur à combustion interne, qui entreront en vigueur dès 2035 », précise le document.
« Le continent africain détient 19 % des minéraux et métaux essentiels à la construction des véhicules électriques ».
Produits Pharmaceutiques : Améliorer La Résilience Des Chaînes d’Approvisionnement
Évoquant enfin l’industrie pharmaceutique, le Livre blanc indique que la ZLECAF devrait contribuer à accroître le commerce intra-africain dans ce secteur. Actuellement, seuls 3 % de la demande sont satisfaits par ce même commerce. Cela permettra d’améliorer la résilience des chaînes d’approvisionnement dans le domaine de la santé, où l’Afrique est confrontée à de nombreux défis mis en lumière par la pandémie de Covid-19. Ainsi, indiquent les auteurs du Livre blanc, le continent ne répond, aujourd’hui, qu’à 1 % de sa demande en médicaments essentiels grâce à la production nationale. Avec la mise en place de la ZLECAF, l’objectif est de supprimer les obstacles réglementaires empêchant les patients d’accéder aux médicaments et de créer un marché pharmaceutique africain unique pour encourager les investissements. À leur tour, ceux-ci permettront à l’Afrique de fabriquer localement 60 % des vaccins dont elle a besoin d’ici à 2040.
« L’objectif est de créer un marché pharmaceutique africain unique pour encourager les investissements »
Esther Nyokol