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Solidarité:Actions du Programme ECOFAC6 et de ses opérateurs dans la crise COVID19« La solidarité, c’est le premier des antidotes »

La crise de coronavirus a lourdement frappé la planète entière. En Afrique, les effets directs, comme le décès de personnes infectées, restent inférieurs à d’autres régions du monde. Mais les effets indirects sont dramatiques et pourraient faire tomber 50 millions d’Africains dans l’extrême pauvreté, selon la Banque Africaine de Développement.

Dans ce contexte, nous avons demandé des précisions sur l’intervention du Programme Régional d’Appui pour la Préservation de la Biodiversité et les Écosystèmes Fragiles d’Afrique Centrale (ECOFAC6) dans les Aires Protégées où il est présent. Avec plus de 200 millions d’hectares de forêt, le Bassin du Congo est le deuxième massif forestier du monde derrière l’Amazonie (820 millions d’ha) et devant l’Asie du Sud-est (190 millions d’ha), et joue un rôle capital dans les processus de réduction des effets aux changements climatiques. Ce Bassin est souvent considéré, à juste titre, le deuxième poumon vert de notre planète.

Interview avec Daniela Lavinia Bîciu – Expert en communication du Programme ECOFAC6

Que pourriez-vous nous dire sur les activités entreprises par votre Programme dans les zones d’intervention ?

Depuis Mars 2020, les opérateurs du Programme ECOFAC6 dans les différents Parcs Nationaux ont mené un combat frontal pour limiter les effets de la pandémie COVID19 dans et autour des Aires Protégées d’Afrique centrale où est mis en œuvre le Programme. Les interventions ont eu lieu dans les sept pays d’intervention, à savoir le Cameroun, la République Centrafricaine, la République du Congo, la République Démocratique du Congo, le Gabon, le Tchad, Sao Tome et Principe. Ces actions ont été mises en place sur les fonds d’urgence du Programme que ces opérateurs ont sollicité, en fonction des actions spécifiques y menées. Des fonds européens ont été ainsi rapidement débloqués au niveau régional, pour faire face à la pandémie, dans un moment de crise d’une ampleur jamais rencontrée dans notre histoire récente.
Concrètement, les actions ont visé une assistance humanitaire rapide, avec la distribution de matériel médical d’urgence pour les populations locales et pour les équipes des Parcs nationaux. Des quantités importantes de gel hydroalcoolique et savon artisanal ont été distribuées. Des dizaines de milliers de masques en tissu africain, fabriqués par des tailleurs locaux, ont été également distribués dans toute la région. Ceci a eu par ailleurs une contribution très positive à l’économie locale.

Quel impact de ces actions pour les populations locales ?

Toutes ces actions liées au COVID19, absolument toutes, ont pris en considération une aide vitale aux populations vivant autour des Aires Protégées. Outre la distribution du matériel médical d’urgence que je viens de mentionner, ou encore le soutien à l’économie locale, une autre action tangible a été la mise en place des installations de lavage de mains sur les sites, dans le but de permettre un accès plus large à l’hygiène de base de mains, pour la lutte contre le Covid19. Sur certains sites par exemple, les opérateurs ont soutenu aussi les centres médicaux y existant.

Des nombreuses actions de sensibilisation, pour apprendre les gestes barrière contre le virus ont été aussi menées. Les populations locales, ainsi que le staff des Parcs et les écogardes ont bénéficié de ces actions de sensibilisation et information, permettant de cette manière la prise de conscience sur l’importance du respect de ces gestes.
La dimension humaine, l’impact local et l’amélioration de la vie de populations locales sont des objectifs importants des politiques européennes de développement. ECOFAC6 s’inscrit à plus forte raison dans cette logique de soutien local pour les populations locales et surtout les plus vulnérables face à cette pandémie. Il n’y pas d’autre voie plus durable vers la fraternité humaine, vers le développement que la recherche et le respect de la dignité individuelle.

Quel a été le rôle de l’Assistance technique régionale du Programme ECOFAC6 ?

Au niveau central, nous avons lancé une consultation en ligne de nos opérateurs. Son objectif était d’établir une cartographie de la situation de crise sur le terrain, des actions déjà mises en œuvre ou à suivre dans chaque pays bénéficiaire. Cet état des lieux régional a permis d’identifier les défis majeurs et les actions sur l’ensemble de la zone d’intervention du Programme, avec un accent particulier sur le besoin d’accompagnement des populations locales et les préoccupations pour l’avenir, car cette crise sanitaire va laisser partout des traces indélébiles.
L’Assistance technique régionale du Programme ECOFAC6 a montré encore une fois sa valeur ajoutée, car le Bureau régional a assuré un rôle d’agent de liaison entre les opérateurs, les Délégations européennes dans la région, notamment la Délégation de l’Union Européenne à Libreville, qui coordonne le Programme.

Sur la base de toutes ces informations, un rapport exhaustif sur l’impact COVID19 dans les Aires Protégées ECOFAC6 en Afrique Centrale a été envoyé à la CEEAC, maître d’ouvrage du Programme et autorité politique régionale incontournable.

Cette coordination permanente, non seulement dans la crise COVID19, est indispensable afin d’assurer une cohérence des activités. Cela permet aussi de remonter l’information clef vers les décideurs politiques et opérationnels, facilitant de cette manière le processus de prise de décision au niveau régional et européen.

Quel a été le rôle des opérateurs ECOFAC6 ?

African Parks Network – APN, Zoological Society of London – ZSL, World Wildlife Foundation – WWF, Birdlife International, World Conservation Society – WCS, Sahara Conservation Fund – SCF, African Wildlife Foundation – AWF sont juste quelques exemples d’opérateurs qui se sont remarqués par leur mobilisation.

Leurs efforts et leurs démarches sont à saluer, notamment dans un contexte si particulier. Avec une excellente connaissance locale, actifs toute l’année sur les lieux, il est évident que les partenaires du Programme ECOFAC6 ont apporté une contribution importante dans leurs zones d’intervention. A ceci s’ajoute bien sur le rôle des organismes gouvernementaux partenaires dans les pays d’intervention, notamment les Ministères de l’Environnement ou les agences.

Il faut souligner néanmoins que la gestion en soi de la question du coronavirus au sens strict relève de considérations de Santé publique par les Etats et de la recherche biomédicale au niveau international. Dès lors, les actions sur la pandémie doivent être envisagées à des différentes échelles de responsabilité. Il faut tenir compte de la stratégie régionale d’intervention, ainsi que de la réponse des gouvernements. Les actions de nos opérateurs partenaires ont été et resteront des appuis apportés aux réponses organisées par les Etats d’Afrique centrale, où nous sommes présents.

Dans ce contexte, l’apport ECOFAC6 s’inscrit exclusivement autour des zones de conservation des forêts et de leurs communautés riveraines. Cette réponse peut évoluer en fonction d’un dialogue international entre les Etats, la CEEAC et les partenaires au développement.
La crise COVID19 a été une nouvelle occasion de mettre en exergue l’importance du financement de l’Union Européenne accordé depuis longue date dans la région, y compris pour des situations d’une telle gravité et ampleur. La mobilisation de ressources matérielles, humaines et financières d’urgence a permis aux opérateurs de faire face aux enjeux et de montrer la solidarité du Programme ECOFAC6, de l’UE en général, dans une conjoncture sanitaire sans précèdent.

Nos actions se sont guidées selon un principe qui nous est cher : la solidarité est le premier des antidotes et aussi, la meilleure réaction commune aux énormes défis du coronavirus.

Pourriez-vous nous présenter les grandes lignes du Programme ECOFAC6 et ses ambitions ?

ECOFAC est un programme européen de conservation et d’utilisation rationnelle des écosystèmes forestiers d’Afrique centrale, lancé en 1993. Son objectif est d’engager un processus régional de coordination des actions et mesures destinées à promouvoir la conservation et l’utilisation rationnelle du patrimoine forestier de cette région. Il prend également en compte les aspects socio-économiques et faunistiques des milieux analysés.

A cet effet, il contribuait à la mise en place d’un réseau régional d’Aires Protégées qui devaient servir de terrains d’essais pour toute une série d’actions destinées à concilier la viabilité des écosystèmes forestiers et l’exploitation de leurs ressources par les populations concernées.

Bénéficiant d’un financement de l’Union Européenne (PIR 11ième FED) de plus de 80 millions EUR, le Programme ECOFAC s’inscrit à présent dans sa 6ième phase. Ceci fait d’ECOFAC le plus ancien programme européen dans l’Afrique Centrale, signe de l’engagement politique durable de l’UE dans la région. Bientôt, nous allons marquer 30 ans de présence régionale du Programme. Nous préparons déjà des actions majeures pour mettre en évidence les acquis pendant ce temps. Bien sûr, les visions stratégiques pour le développement durable en Afrique Centrale ont évolué pendant ces décennies. La devise du Programme ECOFAC6, tourné vers l’avenir, est la croissance inclusive, prenant donc en calcul et l’Humain, et la Nature.

BirdLife International
Distribution de masques tissus aux populations rurales vivant à la périphérie du Parc naturel du Prince – Sao Tome.

African National Parks / Parc National Garamba – RDC
Mise en place des installations de lavage mains pour les populations locales

 

AWF Cameroun
Fabrication de masques tissus par des Associations de Femmes de Dja

 

 

Distribution de matériel sanitaire d’urgence aux populations locales de la Réserve de Dja – ZSL Cameroun

 

 

Distribution de matériel sanitaire d’urgence au centre sanitaire d’Arada
Sahara Conservation Fund – TchadDaniela Lavinia Bîciu est Chargée de communication du Programme ECOFAC6, avec une expérience de terrain approfondie, travaillant auparavant pour des institutions internationales comme la Commission Européenne ou les Nations Unies.
Ancienne journaliste elle-même, elle est active en Afrique Centrale depuis plus de 10 ans, avec une vaste expertise en communication pour le développement et communication de crise. Elle fait également partie du Réseau de communicateurs pour l’environnement de l’Afrique Centrale RECEIAC

Entretien mené par Victor Esso Tiki

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