Attendu le 6 février dernier sur le marché domestique de la dette pour un remboursement sur des obligations arrivées à échéance, le Ghana a manqué à l’appel annonçant, 24 heures plus tard, que les détenteurs de ces titres devront faire une croix sur les intérêts, le paiement du principal devant intervenir ultérieurement. Cette annonce qui rentre dans le cadre du programme de restructuration de la dette intérieure du pays n’a pas été appréciée par les agences de notation notamment Fitch Ratings. Dans une récente évaluation, l’agence américaine a déclassé ces obligations de » C » à » D » (défaut). Fitch a également ramené l’ensemble de la dette en monnaie locale du Ghana de » C » à » RD » (défaut sélectif).
Cette dégradation intervient 5 jours après que le gouvernement ait annoncé avoir trouvé un compromis avec 80% de ses obligataires pour la restructuration de plus de 137 milliards de cedis (11 milliards de dollars) de prêts intérieurs dans le cadre d’une refonte de la quasi-totalité de ses 575,5 milliards de cedis de dette.
L’accord qui n’inclue pas les fonds de pensions (détenteurs de 5,5% de la dette en monnaie locale) est perçu par les analystes de Fitch comme déséquilibré pour les créanciers locaux » compte tenu d’une réduction importante des termes par rapport aux conditions contractuelles d’origine » indique l’agence.
La restructuration devrait toutefois permettre de diluer la pression sur les finances publiques avec des échéances de remboursement plus longues et des taux de rendement plus faibles. La conclusion de cet accord est une étape clé pour que le pays obtienne un décaissement de 3 milliards de dollars du Fonds monétaire international.
La dette en devises moins risquée
Outre la réorganisation des prêts nationaux, le Ghana est également en pourparlers avec ses créanciers internationaux pour restructurer sa dette en devises à travers le cadre commun du G20. Le 20 janvier dernier, S&P a classé le pays en défaut de paiement après une échéance manquée de 40,6 millions de dollars sur ses eurobonds. Malgré cet événement, Fitch a maintenu sa note en devise du pays à » C » signalant toutefois qu’elle pourra être amené à la rétrograder en défaut sélectif » après la fin de la période de grâce pour ce paiement de coupon qui expire le 17 février 2023 « .
Une amélioration de la notation ne devrait intervenir qu' » une fois que le Ghana aura conclu un accord avec les créanciers privés sur la restructuration de sa dette libellée en devises et achevé le processus de restructuration à la suite du traitement des créances des créanciers officiels du Cadre commun « . Rappelons qu’à travers ces initiatives, le gouvernement espère réduire la dette, estimée à 105 % du produit intérieur brut en 2022, à 55 % en 2028.
Fernand Ghokeng