Embryonnaire dans les années 80, les banques africaines à capitaux privés régionaux (au sens de l’actionnariat détenu par des investisseurs des zones UEMOA et CEMAC) ont émergé à partir des années 2000 au point de devenir des acteurs importants dans le paysage bancaire en Afrique francophone subsaharienne.
Après la grande vague des indépendances des années 60, le paysage bancaire en Afrique francophone, dominé par des banques françaises, va connaître une nouvelle configuration avec la naissance des banques publiques au cours des années 1970. Ces dernières connurent toutefois un sort » fatal » dans les années 80 à la suite des programmes d’ajustement structurels du FMI qui conduisirent nombreuses d’entre elles, notamment la Banque nationale de développement agricole (BNDA) en Côte d’Ivoire et la Cameroon Bank au Cameroun (Cam Bank) à déposer la clé sous le paillasson.
L’avènement des banques africaines à capitaux privés régionaux
C’est à partir de 1978 que l’on commença à enregistrer les toutes premières banques africaines à capitaux privés locaux dans la région d’Afrique francophone. Peu à peu, de nouveaux groupes bancaires régionaux à capitaux africains vont émerger et se développer dans le sillage du retrait des banques internationales sur leur principaux marchés en occident, des départs qui se sont accélérer à la suite de la crise des subprimes de 2008.
Ces groupes ont été promus par de grands entrepreneurs locaux qui ont flairé le bon filon avec derrière l’ambition d’apporter une nouvelle dynamique à l’écosystème économique du continent.
Les pionniers et les mastodontes
En Afrique de l’Ouest francophone, l’Ivoirien Koné DOSSONGUI fait office de pionnier dans le secteur bancaire africain en étant le premier africain à lancer une banque à capitaux privée locaux avec l’acquisition de la filiale de Barclays à Abidjan. En effet, Banque Atlantique Côte d’Ivoire qu’il a fondé a obtenu son agrément de la BCEAO en août 1978 !
Suivra ensuite le projet panafricain Ecobank porté par Gervais Koffi DJONDO et Adeyemi LAWSON. En octobre 1985 a été lancé Ecobank Togo, la première entité d’un groupe aujourd’hui présent dans 33 pays du continent.
Il faut souligner toutefois, qu’au fil du temps, le Groupe Ecobank a fini par ouvrir son capital et compte aujourd’hui QNB et ARISE BV, deux firmes hors du continent, qui contrôlent 49% du capital. Quant à la Banque Atlantique Côte d’Ivoire, elle passa sous le contrôle du marocain Banque centrale populaire (BCP) en 2012.
Fondé seulement en 2008, suite à la reprise des actifs de » La Financière du Burkina « , un établissement financier, par la famille NASSA en 2001, Coris Bank International, aujourd’hui piloté par Coris Holding est le fleuron de l’industrie bancaire de l’UEMOA.
Crédité de performance remarquables, avec un résultat net de 63 milliards FCFA (+19%) et un total bilan de 3 660 milliards FCFA en 2020, ce mastodonte burkinabé a étendu son étendard sur les huit marchés de l’UEMOA et récemment en Guinée Conakry.
Figurant au nombre des pionniers dans le domaine de l’assurance dans la région, le groupe d’assurance NSIA, porté par la famille DIAGOU, a débuté son aventure dans le secteur bancaire en 2006 à la suite du rachat de la BIAO Côte d’Ivoire, filiale ivoirienne du groupe belgo-néerlandais Fortis. Le spécialiste ivoirien de l’assurance va ensuite développer son pôle bancaire et s’installer en Guinée, au Bénin, au Sénégal et au Togo. Une expansion facilitée avec le rachat en novembre 2017 des filiales du groupe Nigérian Africain Diamond Bank SA dans la zone UEMOA.
BGFIBank qui pour sa part trône sur le marché bancaire de la CEMAC, est également l’une des mastodontes de la région. Anciennement banque de Paris et des Pays Bas au Gabon, l’étoile de la zone CEMAC contrôlée à plus de 90% par BGFI Holding Corporation a été officiellement lancée en 2002. Présent dans 11 pays en Afrique et en Europe, le groupe revendiquait en 2020 un total bilan de 3 516,7 milliards FCFA avec un résultat net de 44 milliards FCFA.
L’autre ténor du paysage bancaire africain à capitaux privés provenant de la zone franche est le groupe Afriland First Bank. Ex-Caisse Commune d’Epargne et d’Investissement puis CCEI BANK, respectivement entre 1987 et 1994, ce groupe, fondée par le banquier Camerounais Paul Fokam KAMMOGNE, prend la dénomination Afriland First Bank le 1er janvier 2002. Cette dernière appellation qui symbolise son ADN panafricain marque la naissance de la première banque privée à capitaux locaux dans le secteur bancaire camerounais. Deuxième grand groupe bancaire d’Afrique centrale, Afriland First Bank est présent dans 8 pays africains, en plus d’une succursale en France et en Chine.
Les nouveaux venus
Porté essentiellement par des capitaux sénégalais, Mansa Bank, contrôlé à 37,5% par Mansa Financial group, est le dernier arrivant du marché bancaire de l’UEMOA. Lancé en janvier 2020 sur le marché ivoirien, Mansa Bank ambitionne devenir une banque leader en matière de digital avec un objectif ferme de créer et promouvoir des champions africains.
Passées en décembre 2020 sous le giron de l’Ivoirien Koné DOSSONGUI, Banque Internationale pour le Commerce et l’Industrie du Mali (BICIM) et Banque Internationale pour le Commerce et l’Industrie du Gabon, ex filiales du français BNP Paribas, intègrent la liste des banques africaines à capitaux privés locaux. Ces acquisitions viennent marquer le retour de DOSSONGUI sur le marché bancaire ouest-africain.
A ces banques s’ajoutent Wendkuni Bank International (WBI) et IB Bank, contrôlées respectivement par les burkinabés Apollinaire COMPAORE et Mahamadou BONKOUNGOU.
Le Sphinx/Sika Finance