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Visite du Legat du Pape François au Cameroun : Le Message de Bamenda

*Tous, nous sommes responsables de la paix!*

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Le Secrétaire d’État du Pape François, le Cardinal Pietro Parolin, était à Bamenda dans la région du Nord-Ouest Cameroun du samedi 30 au dimanche 31 janvier 2021. Il a rencontré le clergé de l’Archidiocèse de Bamenda et il a célébré une messe solennelle au cours de laquelle il a imposé le pallium à l’Archevêque de Bamenda, Mgr Andrew Nkea. Dans son homélie, le Cardinal Parolin a transmis le message du Saint Père aux populations du Nord-Ouest et du Sud-Ouest Cameroun affectées par les conséquences de la crise anglophone. Il les a aussi exhortés à vaincre le mal et à être co-responsables de la paix, au moyen de la Parole de Dieu et du combat spirituel.

Son Éminence le Cardinal Parolin a débuté son homélie par le message du Saint Père. Un message d’amour, de proximité spirituelle, de réconfort, et d’encouragement à la paix et à la réconciliation.

Il a ensuite souligné le défi de l’heure : Que les armes puissent être déposées, et la paix et la réconciliation, régner dans les cœurs et aux alentours. « *Nous sommes tous responsables de la paix* _a-t-il déclaré et répété_ tous les acteurs de la société sont responsables de la paix, de la plus petite à la plus grande personne, a –t-il ajouté.

Le Cardinal Parolin a déploré le fait qu’il y ait abondamment de nouvelles de violence, de divisions et de luttes fratricides qui affectent cette terre bien-aimée de la province ecclésiastique de Bamenda.

L’envoyé du Pape François a alors rappelé que *la violence ne résout jamais les problèmes. Elle en crée plutôt davantage* . Tandis que _«la paix est le voyage de l’Espérance, du dialogue et de la réconciliation »._

Commentant les textes liturgiques du jour, l’envoyé du Pape François a finalement invité le peuple de Dieu, qui est dans la province ecclésiastique de Bamenda, à un nouveau commencement avec le Fils de Dieu dont la seule Parole, simple et puissante, anéantit les esprits mauvais et libère l’homme de leur emprise.

Le Cardinal Pietro Parolin a alors prié pour que le Seigneur soit présent dans les cœurs par sa paix ; qu’il leur accorde la sérénité, car avec le Christ on est toujours victorieux, et la vigilance qui permet de discerner le mal qui est d’abord en soi avant d’être au dehors ; et qu’à partir de là, cette merveille de la paix brille à tous les coins de cette terre bien-aimée du Nord-ouest et du sud-ouest Cameroun, et sur toute personne qui y vit. Il a donc recommandé aux fidèles de s’entraîner chaque jour au combat spirituel.

Le Cardinal Pietro Parolin a enfin invité le peuple de Dieu qui est dans la province ecclésiastique de Bamenda et qui vit des situations difficiles à cause de la crise anglophone, à mettre sa confiance dans la Parole de Dieu, à croire et à espérer en sa force libératrice, et à garder la capacité d’émerveillement devant le mystère du Christ.

_Je confie votre communauté et chacun de vous à la Vierge Marie, Mère de l’Église et Reine de la paix. Sur vous, j’invoque la protection de Saint Joseph à qui votre cathédrale est dédiée,_ a –t-il conclu.

*Transcription et traduction de l’homélie*

Je vous apporte, à vous tous, les salutations du Saint-Père le François. Le Pape François vous porte dans son cœur et vous assure de sa proximité et de ses prières. Le Pape est très conscient et informé des difficultés que vous avez expérimentés ici ces récentes années et que vous vivez encore. Il demande au Seigneur de vous consoler et plus particulièrement, de consoler ceux qui ont été victimes de violence ou ceux qui ont perdu des amis et des êtres chers dans cette crise. Le Saint-Père s’unit au désir de paix et de réconciliation qui s’élève vers le Seigneur depuis cette terre précieuse.

Avec vous, je remercie le Seigneur qui nous a donné la joie de nous rencontrer ici, aujourd’hui, à l’occasion de l’imposition du pallium à Mgr Andrew Nkea, Pasteur de cette Église particulière dans laquelle l’unique Église sainte, catholique et apostolique, Église du christ, est réellement présente et active. Votre présence massive à cette célébration atteste de l’amour pour votre archevêque et de votre désir de célébrer avec lui.

Le pallium est un symbole d’un lien particulier de communion avec le Pape, fait à partir de la laine d’agneaux bénie par le Pape en la fête de Sainte Agnès. Il renvoie à l’image du bon berger qui va à la recherche de la brebis perdue et la place sur ses épaules. Le pallium représente le pouvoir que l’Archevêque exerce dans la province ecclésiastique, en communion avec le Souverain pontife. C’est un symbole plein de significations, et qui inaugure puissamment le mandat de chaque nouvel archevêque. Dès le début, son nouveau ministère est placé sous le signe de la communion, de l’obéissance et de l’union au Saint-Père, dans le partage avec ses frères les autres évêques.

En même temps, dans la proclamation de l’Évangile selon Saint Marc, nous entendons parler aujourd’hui d’un autre commencement. Celui du ministère public de Jésus. C’est la première scène de ce qu’on appelle régulièrement la Journée à Capharnaüm. Un type de journée marqué par les traces indélébiles de l’action de Jésus. Elle se passe dans une synagogue le jour du sabbat.

Le premier acte de la vie publique de Jésus met en lumière deux caractéristiques éclatantes du Seigneur : sa qualité d’enseignant et sa lutte contre les esprits impurs. L’écrivain sacré de l’Évangile nous dit que le premier acte de Jésus consiste à enseigner. Le Seigneur se présente par-dessus tout comme un enseignant. Un enseignant revêtu d’autorité et qui émerveille ses auditeurs. Son autorité surpasse celle des scribes. Il a l’autorité. Son autorité dans la prédication ne découle pas de ses capacités rhétoriques, mais elle jaillie de son mystère de Fils de Dieu, tel que révélé dans le baptême au Jourdain, épisode qui a précédé le texte de ce jour.
Parce qu’il est le Fils et le Bien-aimé, Jésus peut enseigner avec autorité. Par ailleurs, son autorité a le goût de quelque chose de nouveau, la fraîcheur qui accompagne toujours la révélation de sa personne, comme dans l’expression de Saint Irenée : « _Dans sa venue, Jésus Christ a porté avec lui toute nouveauté »_ .

Après avoir présenté cette première caractéristique, nous pouvons nous demander combien disposés nous sommes, à écouter Jésus, le parfait enseignant. Même quand plusieurs voix retentissent et jacassent autour de nous, puisque plusieurs personnes se comportent comme des enseignants de nos vies, l’Évangile d’aujourd’hui nous presse de donner une importance unique à la parole de Jésus.
Est-ce que nous réussissons à percevoir son autorité ? Plaçons-nous notre espoir en lui ? Et à cause de cela, faisons-nous confiance en sa parole ? Est-ce que nous pouvons expérimenter la fraîcheur de l’Évangile qui est capable de renouveler nos vies profondément et de façon radicale ?

Cela va sans dire que seule une constante familiarité avec l’Évangile nous permettra de répondre à ces questions. Seules l’attention à la liturgie et une lecture personnelle des Écritures nous aideront à discerner le Verbe quand il nous traverse. Pour cette raison, le Pape, à diverses occasions, nous a invités à porter toujours avec nous un petit livret de l’évangile, l’évangile de poche. Ce n’est pas un slogan, mais un programme spirituel.
Parlons à présent de la seconde caractéristique de la personnalité de Jésus : le combat contre l’esprit du mal. Un homme possédé par un esprit impur se place devant Jésus.

En présence de Jésus, les esprits impurs apparaissent dans l’évangile comme ces puissances qui ne sont pas humaines ; qui réagissent comme des personnes ; qui possèdent une connaissance spéciale ; qui diffèrent de Dieu, dominent et font du mal aux humains. Ils s’opposent à l’Esprit Saint, traînant les gens par-ci par-là, et les empêchant d’être libres ; Ils se révèlent être des ennemis très puissants des êtres humains. Mais Jésus est supérieur à eux.

Avec une seule parole, Jésus les dépossède de leur pouvoir. Il libère les hommes et les femmes de cette sorte d’esclavage, restaurant en eux, leur liberté intérieure. Jésus veut le bien des hommes et des femmes, c’est pourquoi il les libère du mal. Il est venu pour ceci : vouer à la perdition l’ennemi méchant qui divise l’être intérieur de l’homme. Jésus est capable de réaliser une libération totale, précisément par sa parole, simple et puissante _(Sors de lui !)._
Ici, pas de formules magiques. Pas même des gestes étranges. C’est sa parole qui est infiniment effective. Et pourtant, dans notre texte, nous notons une atmosphère de réelle lutte : le mal est vaincu mais il est difficile à vaincre.

Cette seconde caractéristique de la vie publique de Jésus nous renvoie au combat spirituel que chacun de nous est appelé à vivre. Le mal est là, et le Christ est capable de le vaincre. Il nous appartient de nous entraîner chaque jour pour cette bataille. Comme saint Paul l’exprime dans sa lettre aux Éphésiens :

_Car nous ne luttons pas contre des êtres de sang et de chair, mais contre les Dominateurs de ce monde de ténèbres, les Principautés, les Souverainetés, les esprits du mal qui sont dans les régions célestes. Pour cela, prenez l’équipement de combat donné par Dieu ; ainsi, vous pourrez résister quand viendra le jour du malheur, et tout mettre en œuvre pour tenir bon. Oui, tenez bon, ayant autour des reins le ceinturon de la vérité, portant la cuirasse de la justice, les pieds chaussés de l’ardeur à annoncer l’Évangile de la paix, et ne quittant jamais le bouclier de la foi, qui vous permettra d’éteindre toutes les flèches enflammées du Mauvais. Prenez le casque du salut et le glaive de l’Esprit, c’est-à-dire la parole de Dieu._ _( Eph 12-17)._

L’apôtre Paul nous indique l’origine de notre force. Le Seigneur travaille en nous avec l’énergie de sa puissance. Il nous presse qu’avec lui, ensemble, nous démasquions l’ennemi qui est l’esprit du mal.

L’exhortation de Saint Paul permet à la seconde caractéristique de Jésus de mieux résonner. Nous pouvons résumer son exhortation avec deux mots qui sont les clés de notre voyage spirituel : le premier est *la sérénité,* et le second est *la vigilance* . Sérénité parce qu’avec le Christ, nous sommes victorieux en nous accrochant à lui par la prière et la vie sacramentelle ; vigilance, c’est-à-dire, être capable de discerner le mal là où il s’est enraciné, en commençant par notre cœur.

Chers frères et sœurs, dans cette situation difficile dans laquelle vous vivez, vous expérimentez les effets du pouvoir du mal qui agit dans le monde. Malheureusement il y a abondamment de nouvelles de violence, de divisions et de luttes fratricides qui affectent cette terre bien-aimée. L’évangile de ce jour nous enseigne d’avoir foi en Jésus qui sait comment vaincre le mal. Il nous enseigne aussi que, la façon de vaincre le mal passe plus ou moins par notre réalité intérieure, à travers la purification du cœur de chacun. La lutte contre le mal qui est logé dans notre cœur deviendra ainsi un havre de bien et de paix dans la famille, parmi les amis, dans la communauté, et lui ou elle devient, par-là, la gaine d’espoir pour tous.

*Nous sommes tous responsable de la paix !* Nous sommes tous responsables de la paix ! Tous les acteurs de la société sont responsables, de la plus petite à la plus grande personne. Nul ne peut se sentir déchargé de la lutte contre le mal. Le défi auquel vous faites face aujourd’hui est qu’enfin, les armes puissent être déposées ; la paix et la réconciliation, régner à l’intérieur de vous et autour de vous.

La violence ne résout jamais les problèmes. Elle crée plutôt plus de problèmes. La paix est le voyage de l’Esperance, du dialogue et de la réconciliation. Le dialogue est donc la meilleure manière de solutionner les conflits et les mésententes.

Après avoir jeté la lumière dans le thème principal de cet épisode, je voudrais conclure en attirant l’attention sur la réaction de ceux qui ont écouté les paroles de Jésus. Marc l’évangéliste note que, tous étaient émerveillés et se demandaient : « Qu’est-ce que cela signifie ? »

2000 ans plus tard, l’émerveillement et la question concernant le Christ Jésus sont une attitude importante à garder précieusement. Nous ne devons jamais cesser de méditer sur ce mystère afin d’éviter le risque de l’orgueil spirituel, le risque de quelqu’un qui est convaincu qu’il sait déjà tout à propos de Jésus, sans réaliser que Jésus est toujours plus grand que ce que nous pouvons humainement appréhender. Nous ne devons jamais cesser de nous émerveiller sur le mystère fondamental de notre foi chrétienne, le mystère du Fils de Dieu, devenu homme, pour notre Salut et notre libération.

En cette célébration joyeuse, demandons la grâce de laisser nos sens se transformer par la rencontre avec Jésus. Puisse le Seigneur nous aider à jamais, à avoir confiance en sa parole, à espérer en sa force libératrice, à nous émerveiller de l’amour avec lequel il nous atteint ; qu’il soit près de chacun(e) de vous ; qu’il soit présent dans vos cœurs par sa paix, et à partir de là, que cette merveille de la paix brille à tous les coins de cette bien-aimée terre et sur toute personne qui y vit.
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Je confie votre communauté et chacun de vous à la Vierge Marie, Mère de l’Église et Reine de la paix. Sur vous, j’invoque la protection de Saint joseph à qui votre cathédrale est dédiée. J’utilise les mots du Saint-Père le Pape François :

_O Bienheureux Joseph, montre-toi aussi un père pour nous ; Et garde nous sur le chemin de la vie. Obtiens-nous grâce, miséricorde et courage, et délivre-nous de tout mal. Amen_

*Sr Paule Valérie, pour Afrique-infos.africa/ Radio Vatican*

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